ATARAXIE - Rencontre avec Jo (chant, basse) et Sylvain (guitare) à l'occasion du Festival de Noël à Limoges (THE OLD DEAD TREE + FURIA + HIMINBJORG + DYLATH LEEN + ATARAXIE) - Decembre 2005.

Leprozy : je vous propose que vous commenciez par présenter le groupe…

Jo : j'assure la basse et les vocaux. C'est moi qui est fondé le groupe fin 2000, après le split de mon groupe précédent REIGN OF EVIL qui était plutôt orienté black/death…j'étais jeune à l'époque! (rires)

Ça fait toujours bien sur les bios quand on met Ex-…!

Jo : (rires) ouais ça fait toujours bien! Après le split j'ai cherché à monter un groupe de doom parce que c'était un style qui me plaisait depuis un petit nombre d'années. J'ai donc recruté du monde…Au départ il y a eu Clément, notre premier guitariste qui depuis a était remplacé par Fred qui est là depuis mi-2001. Clément jouait en fait avec moi dans REIGN OF EVIL. Après j'ai rencontré Sylvain par l'intermédiaire d'Hellion Records, un magasin de disque Metal sur Rouen. Comme on avait des goûts en commun, naturellement je lui ai proposé si ça l'intéressait de jouer dans notre groupe, et donc il a accepté. Par la suite on a cherché un batteur, toujours par l'intermédiaire du même magasin.

Depuis les débuts vous étiez dans cette veine doom-death? Un style pas très commun par chez nous…

Jo : c'est clair…avant nous il n'y avait pas tant que ça de groupes qui se disaient doom death. Il y avait ASTRAL RISING et puis DESPOND mais là c'était un peu plus un truc axé goth à la AMORPHIS.

Comment on en vient justement à jouer un tel style? Dans les groupes de metal, on retrouve beaucoup de fans de doom sans que pour autant ils se lancent dans cette voie. Il y a forcément quelque chose de plus qu'aimer ce style bien à part…

Jo : c'est ça. Il faut être suffisamment imprégné pour dire je vais faire un groupe dans ce style et puis composer dans cette voie là. Comme tu le disais il y a beaucoup de gens qui aiment MY DYING BRIDE mais qui ne feront par pour autant un groupe de doom death, ça on est bien d'accord. Après faut avouer que c'est un style qui n'est pas trop populaire…ça dépend de la démarche des gens.

Sylvain : nous c'est pas pour plaire à tout pris au gens que l'on a choisi ce style là, c'est avant tout pour nous faire plaisir. Au fur et à mesure des années on est devenu de plus en plus extrême, pour arriver au résultat de l'album. C'était pas dans l'optique que ça plaise. On a réussi à trouver un label, et à ce que ça plaise à un certain nombre de personnes, surtout dans le milieu doom. C'était plutôt sympa mais le but premier ce n'était pas ça.

Pour votre premier album (Slow Transcending Agony), comment cela c'est passé au niveau de la composition?

Jo : c'est moi qui compose disons 80% des riffs, Sylvain apporte une bonne part des 20% restants, le reste étant fait par les autres membres du groupe. Le batteur pose ses parties de batterie, il peut pas non plus s'occuper des riffs de guitare. Fred l'autre guitariste s'occupe plus de ce qui est arrangements.

La composition s'est étalée sur une longue durée?

Sylvain : un an et demi on va dire.

Avant vous aviez sorti une démo (The Other Path, 2003), cette étape vous a vraiment était utile?

Sylvain : ça nous a permis de nous faire connaître. Mais le style était très différent, c'était doom death black mais plus orienté death black. Il y avait beaucoup de passages de blasts et très peu de passages doom. Ça a découlé des premières compos qui venaient de REIGN OF EVIL qui était plus black death, on a incorporé du doom dedans. On a évolué comme ça.

Vous sentez que vous arrivez à une maturité au niveau de votre style?

Sylvain : oui, oui. Depuis les compos qui sont sur l'album on a trouvé notre voie. On a déjà deux compos qui sont terminées pour le prochain album, elles sont dans la même veine peut être même plus extrême. On s'extrêmise encore un peu!

Jo : avec des morceaux encore plus long, certains blasts plus brutaux…

Sylvain : ça va de 13 à 20 minutes en fait! On fait pas exprès, on cherche pas à faire long mais…

Jo : …c'est comme ça, c'est naturel. Ça découle de source, ça reste assez intuitif. On joue un style qui joue beaucoup sur les ambiances donc on peut pas faire un morceau où tu veux instaurer une ambiance bien oppressante, d'évacuer ça en 3 minutes c'est pas possible.

Sylvain : comme on ne se pose pas de limites, on peut composer n'importe quoi et si ça plaît au quatre membres du groupe…

Une partie de vos textes sont en français, c'est quelque chose que vous cherchez à garder ou plutôt vous orienter vers un album uniquement en anglais histoire de mieux vous exporter?

Jo : Paradoxalement, on aurait justement tendance à penser que l'anglais permettrait de mieux s'exporter. Comme avec notre label Weird Truth l'album est disponible dans le monde entier, on a par exemple des fans portugais qui recherche justement cette touche. Le français apporte quelque chose de plus.

Sylvain : c'est l'originalité aussi de notre groupe. Mais c'est principalement en Anglais quand même, il n'y a que quelques passages minoritaires en français.

On va justement parler de votre label Japonais Weird Truth, comment vous êtes arrivés à signer un tel deal?!

Jo : (rires) Je connais le patron de Weird Truth qui s'appelle Makoto Fujishima. En fait je le connais parce qu'il a signé deux groupes dont je suis fan, WORSHIP un groupe franco-allemand et MOURNFUL CONGREGATION un groupe australien. Très très bon groupe, un des meilleurs groupe actuel en doom death, c'est un des groupe qui était là en 1993.

Et vous lui avait envoyé votre démo?

Jo : En fait j'étais un client de son label, j'achetais régulièrement ses produits. C'est une fois que l'on avait enregistré l'album et qu'il était masterisé que je lui ai écrit un mail, ça devait être en février. Voilà j'ai un groupe qui s'appelle ATARAXIE, on vient d'enregistrer notre album et on recherche un label. Je peux t'envoyer notre master, est-ce que ça t'intéresse? Puis il m'a répondu 2-3 semaines plus tard pour me dire qu'il n'y avait pas de problème, mais qu'il fallait juste qu'il réunisse le budget donc que ça ne serait possible qu'en Juin. On a discuté un peu des clauses et comme c'était intéressant…limite plus intéressant que certains gros labels qui n'offrent pas forcément les meilleures conditions.

Et niveau distribution ça suit?

Jo : en France ils sont distribués par Holy Records. On leur avait envoyé notre album…

Sylvain : …et Philippe était très chaud pour nous signer mais ça ne s'est pas fait parce qu'il est pas seul à décider. Il est très fan de ce que l'on fait, il adore. Quand Fred lui a demandé pour nous distribuer en France il a tout de suite accepté. En plus il fait un très bon boulot, on trouve l'album partout…

Vous êtes donc pleinement satisfait!

Sylvain : oui complètement. Ma belle-mère l'a même trouvé à la Fnac sur Paris! (rires)

Si on le trouve à la Fnac vous êtes sauvés! Concernant le côté scène, c'est quelque chose pour vous de faire vivre votre musique en concert?

Sylvain : c'est primordial.

Jo : de toute façon on est un groupe qui compose en répet. On n'est pas un groupe qui compose sur pc, il y a des groupes qui font leur maquette comme ça.

Sylvain : on compose qu'en pensant à la scène. Faut que l'on soit capable de reproduire ce que l'on va jouer. On adore ça en plus. On en fait pas tant que ça par an mais on en fait le maximum et on s'éclate.

Justement quelle est la principale difficulté que vous rencontrez dans votre vie de groupe? Vous arrivez à toujours vous libérer pour assurer les concerts?

Sylvain : on est deux à travailler et deux qui sont étudiants

Jo : la gestion du temps n'est pas évidente c'est vrai, comme pour trouver un créneau horaire pour les répéts

Sylvain : Jo et Pierre sont très pris la semaine avec leurs études, ils peuvent pas trop se libérer. Moi et Fred comme on travaille on peut éventuellement prendre des congés pour des concerts. Moi en plus je travaille le week-end en hôpital psychiatrique, c'est un peu aléatoire et pas toujours facile.

Jo : On fait comme ça. Notre démarche n'est pas non plus de faire des tournées de 25 dates. On a une volonté de rester style underground sans rentrer dans tout ce qui est industrie musicale dans le sens péjoratif du terme. C'est à dire en étant considéré comme un produit qui fait vendre. C'est pas notre conception du métal.

Comme à tout les groupes de l'affiche que j'ai interviewé, je voulais vous demander votre avis sur un autre groupe français, à savoir GOJIRA.

Sylvain : J'adore! J'adore! (rires)

Autour du binz qu'il y a autour d'eux en ce moment…

Sylvain : c'est très bien, c'est un groupe qui mérite, qui a un potentiel énorme. Depuis LOUDBLAST je crois pas qu'il y ai eu un groupe qui a était aussi bon. On n'a pas tous le même avis sur ce groupe là, moi je suis très fan, ils sont très pros. Je les ai vu sur scène il y a un mois, c'est puissant, formidable. Ça pête, le batteur c'est une furie. C'est vraiment un plaisir. Et sur album pareil, un pur son, les compos sont terribles…

C'est peut-être ce qui manquait à la scène française actuelle, un groupe référence qui commence à être reconnu à l'étranger, qui ouvre la brèche?

Sylvain : ça peut aider, après c'est dans un style particulier.

Jo : tout dépend des styles. Il y a certains groupe français dans l'underground qui sont vénérés. Comme MÜTIILATION dans le black. Même le fan de black argentin il connaît MÜTIILATION. Après il y a des styles de metal qui sont plus ou moins underground.

Ils regroupent aussi un très large public…

Sylvain : c'est death, c'est neo…c'est beaucoup de jeunes aussi. A chaque fois j'ai l'impression d'être vieux, j'ai 30 ans et il y a des gamins qui ont 14-15 ans ça fait bizarre…C'est un groupe qui a su trouver un style qui est à la frontière de plusieurs styles justement. Ils ont aussi un son, ce qui fait déjà beaucoup pour un groupe. S'ils arrivent à percer à l'étranger, c'est vraiment très très bien. Il y a quand même de plus en plus de groupes français qui sont "pros"

Et concernant les autres groupes de l'affiche de ce soir?

Sylvain : on a déjà joué avec la plupart des autres groupes de ce soir hormis THE OLD DEAD TREE. On reste quand même beaucoup dans le milieu doom, même si on a déjà joué avec DYLATH LEEN il y a à peine un mois. On n'est pas en contact tant que ça avec les autre groupes.

Votre avis sur les derniers albums de CATHEDRAL/CANDLEMASS/MY DYING BRIDE qui sont tous sortis il y a pas très longtemps…

Jo : le dernier CATHEDRAL je l'ai beaucoup aimé parce qu'il y a des influences CELTIC FROST et que j'aime beaucoup ce groupe. Je trouve que CATHEDRAL revient bien depuis trois albums, leur période stoner rock pattes d'eph m'énervait un peu. J'accroche bien sur les trois derniers.
Le dernier CANDLEMASS c'est un très bon retour. C'est comme si en gros ils avaient sortis un album après "Tales of Creation" et que toute la période sans le line-up original avait été complètement effacée. C'est un bon retour avec un son un peu plus moderne, on retrouve le côté plus épique. C'est un très bon album avec de très bon musiciens. Mais pour autant je trouve qu'il y a des albums qui sont meilleurs dans le style. Par exemple le dernier ISOLE, un groupe suédois.
Et sinon le dernier MY DYING BRIDE j'ai horreur de ça, j'appelle ça du doom death à bisous! (rires).

Sylvain : moi qui suis aussi fan de MY DYING BRIDE j'ai été déçu par le dernier. Surtout après les deux derniers albums qui nous avaient sortis qui étaient quand même très bons au niveau doom death. C'est devenu un peu trop romantique…

Pour finir en cette période de vœux et de bonnes résolutions, vos attentes pour 2006?

Sylvain : on n'a jamais de bonnes résolutions!

Jo : ça dure le 31 au soir…2006 ça va être plus se concentrer sur la composition du prochain album. On va arrêter un peu les concerts et revenir après pour promouvoir le second album qui est déjà bien entamé.

Sylvain : et on espère pouvoir le sortir en 2007…

Et bien on en reparlera à ce moment là! Merci à vous…

 

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