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{2008rm

INTERVIEW

 

 

TREPALIUM - C'est à l'issue du set de Gojira, après que le public a quitté le Rockstore que nous avons rejoint Trepalium au grand complet dans les loges pour évoquer le chemin parcouru entre notre première rencontre en 2003 pour la sortie de leur deuxième démo " Pain's Threshold " et leur nouvel opus " XIII ".

Rencontre avec Harun Demiraslan (Guitare, claviers et tête pensante du groupe), Nicolas Amossé (Guitare), KéKé (Chant), Sylvain Bouvier (Batterie) et Ludovic Chauveau (Basse). (Interview réalisée par The Butcher )

 

 


Leprozy : Toujours en collocation dans une maison ?
Ludo : On est "pacsé" en fait maintenant... En réalité, Nico, Sylvain et moi habitons toujours ensemble dans une maison.

Leprozy : En 2003, vous me disiez vouloir vendre une tête d'ampli Soldano, un pédalier RP14 et une basse noire. Avez vous réussi à vendre ce matos ?
Ludo : (rires) Non, on a toujours la tête d'ampli et on la garde. Par contre le pédalier et la basse ont été vendues...

Leprozy : Que de chemin parcouru depuis notre dernière rencontre, en octobre 2003, à la sortie de votre deuxième démo Pain's Threshold ! Déjà très bien ficelée et groovy à l'époque, votre musique s'est personnalisée avec l'intégration d'éléments Jazz et Boogy des plus originaux...
Harun : L'évolution s'est faite de façon assez naturelle, logique par rapport aux bases que nous avions déjà, très axées sur les syncopes. On a toujours cherché, à travers le mid tempo notamment, à faire groover notre death à notre sauce.

Leprozy : D'où sont venues ces influences ? Qui en est l'instigateur ?
Harun : C'est venu assez naturellement dans le sens où nous souhaitions apporter des sonorités différentes et surtout nous démarquer.
Nicolas : On a trouvé aussi que l'expérimentation des gammes que faisait Harun et qu'il travaillait parfois pour d'autres projets sonnaient super bien en distorsion avec certaines rythmiques.
Harun : c'est vrai que j'ai apporté le concept, mais il faut bien comprendre que l'évolution de Trepalium suit un fil rouge alimenté par la personnalité de chacun. Sylvain par exemple a une identité très forte à la batterie dans sa manière de taper et d'aborder les rythmes en 12/8. Du coup, quand j'amène des riffs ou des compos, j'essaye de proposer des choses sur lesquelles il pourra s'exprimer pleinement. Au fil des années, au contact les uns des autres, notamment au niveau des cordes, on a appris à arranger tout ça de façon instinctive pour que ça sonne comme Trepalium doit sonner. Le génome du groupe fait partie de nous.
Par exemple, sur XIII, il y a un riff un peu à la Morbid Angel sur le deuxième morceau et instinctivement Ludo l'a repris à l'octave et ça a donné le morceau tel qu'il est...

Leprozy : C'est donc dans le génome de Trepalium depuis le début d'intégrer ces éléments groovy ?
Nicolas : non pas aussi clairement, mais on n'aime pas les musiques trop linéaires et on aime se faire plaisir à jouer des morceaux un peu difficiles. Le challenge fait partie intégrante de l'intérêt qu'on porte à la musique.
Ludo : on écoute tous un petit peu de tout, pas que des trucs bourrins donc ça nourrit notre musique.
Nicolas : le challenge a évolué au fil du temps : le premier album constituait un défi physique pour faire les concerts à 200 à l'heure. Ensuite on a trouvé d'autres moyens de nous exprimer avec efficacité en jouant sur les contrastes, la noirceur de certains accords etc.
Harun : Le fait de s'être côtoyer en permanence pendant une certaines période de notre vie nous a permis de découvrir rapidement que nous accrochions aux mêmes morceaux ou groupes. Avoir ces déclics en commun fait que nous avons pu nous mettre facilement d'accord sur le concept de Trepalium, sur sa direction musicale.
Du coup, on n'a pas besoin de discuter si oui ou non telle idée est bonne pour Trepalium, on le sait instinctivement.

Leprozy : Vous fonctionnez comme une entité à part entière...
Harun : ouais, je pense sincèrement qu'avec ce troisième album on a une couleur bien à nous qui marque la personnalité du groupe...
KK : bien noir ! (rires)

Leprozy : justement, comment définiriez vous ce qu'est le son Trepalium ?
Harun : Trepalium c'est du death metal qui a tendance à virer sur des plans groove au travers d'une mise en place progressive.

Leprozy : Je crois que votre nouvel album a été enregistré en mai 2008...
Nicolas : Non, en fait il a été enregistré en novembre 2007 en 1 mois.

Leprozy : Il sort le 09/02/2009. Pourquoi un tel délai ? Vous êtes vous fâché avec Holy Records ?
Ludo : non non, nous ne nous sommes pas fâché avec Holy Records, c'est juste que ça ne correspondait plus à nos attentes en tant que groupe même si ils ont fait un très bon boulot pour nos deux premiers albums.
Nicolas : on en profite pour les en remercier d'ailleurs.
Ludo : on voulait fonctionner différemment, bénéficier d'autres moyens, d'une plus grosse structure, d'un plus gros label. Bref, nous voulions nous donner les moyens de nos ambitions.

Leprozy : est-ce que ça a été difficile de trouver un nouveau label ?
Harun : oui et non. Un peu démoralisant parce qu'on se jette dans le vide, mais on ne peut pas dire que ce soit difficile; il ne s'agit que de passer des coups de fil et de faire écouter le CD. Ça plait ou ça plait pas et en l'occurrence, notre CD a plu à Season Of Mist par la suite.
Nicolas : l'album devait sortir début 2008 mais ça met vraiment du temps et on s'est dit que quitte à perdre du temps autant en profiter et prendre un an de break pour ré-envisager notre avenir en choisissant le label qui nous permettrait de passer à l'étape suivante dans de bonnes conditions.
Harun : c'était important de la faire pour le troisième album qui est crucial dans la vie d'un groupe. Si on avait attendu le quatrième, ça aurait peut être trop tard...

Leprozy : ça ne vous embête pas de jouer en ce début 2009 des morceaux que vous avez écrit en 2007 ?
Harun : non parce qu'on n'a quasiment pas eu d'activité durant cette période de restructuration de Trepalium.
Nicolas : on a fait que 3 concerts en un an et demi donc pour nous cet album est toujours le petit dernier qu'on n'a pas encore défendu en live et que le public ne connait pas. Et puis le coté funky demande une finesse de jeu qui est intéressante au quotidien, plus que de répéter tous les jours pour rester physiquement capables de jouer les morceaux archi-rapides des débuts qu'on a pas spécialement envie de jouer...
Harun : ce nouvel album reste un défi musical pour nous : on a besoin d'être vraiment concentré pour rester maître de notre instrument; c'est ce qui est motivant.

Leprozy : ça doit vous arriver de buter sur certains passages en répétitions, comment vous travaillez dans ces cas là ?
Harun : on attend. On bosse d'autres idées, et un mois après comme par magie ça passe.
Ludo : sinon, on rebosse le truc pour le rendre plus accessible
Harun : en fait on a un processus de création assez ouvert qui fait que nous pouvons être sur 3 ou 4 morceaux en chantier en même temps et chacun bosse dans son coin sur les passages qui sont les plus délicats. Par exemple, le temps que Sylvain apprenne à bien maitrise un morceau très exigeant à la batterie, on bosse sur d'autres parties de guitare... Chez Trepalium, il s'agit de répétitions et de construction musicale à plusieurs vitesses. On fait des allers retour d'une idée à l'autre jusqu'à ce qu'elles trouvent leur place. Il ne s'agit pas tant de bosser un riff jusqu'à ce qu'il passe mais plutôt de le simplifier, d'en tirer la substantifique moelle quitte à l'oublier pour le transcender ensuite comme ils font dans le jazz.

Leprozy : Parler de simplicité pour une musique d'une telle technicité c'est un peu paradoxal, non ?
Harun : c'est technique sans l'être. Si tu veux une musique technique, vois du côté de Necrophagist ou des groupes dans le genre. Nous on est complètement largué quand on écoute ça.
Mais nos morceaux sont un peu techniques mais leur structure reste simple : couplet/refrain/pont. Souvent, on a des plans très simples et un décalage de batterie fait que ça devient compliqué : ça fait des grooves à l'envers et des nœuds à la tête.

Leprozy : Pour le son de votre nouvel album, vous avez travaillé avec Sylvain Biguet. Êtes vous satisfaits de votre son made in France ? Qu'avez vous cherché à atteindre au niveau son sur XIII ?
Harun : Musicalement, on essaye de faire des compos plus ouvertes et mélodiques avec beaucoup plus d'expérimentation. De même, KK a une voix plus ouverte, moins gutturale, il nous fallait donc un autre son. Sur XIII, le son est moins dans les basses, plus ouvert et les gens qui ont entendu l'album le disent : " enfin il y a adéquation entre votre son et la façon dont vous jouez ".
Le son de Alchemik Clockwork Of Disorder (ACOD) correspondait bien au son que nous avions à l'époque. De même, XIII ne pouvait pas avoir un autre son que celui qu'il a et qui correspond bien à la musique que nous faisons maintenant.

Leprozy : Je me souviens que vous trouviez votre démo Pain's Threshold surproduite faute de moyens. Pour vous le son est un point sur lequel nous, frenchouilles, étions en retard. Quel est votre avis aujourd'hui ?
Harun : beaucoup moins maintenant. Regarde les dernières prods d'Hacride ou de Gojira... c'est du bon son. Nous sommes aussi très contents du nôtre.
Nicolas : le mastering compte aussi énormément. Le gars qui fait notre son ce soir, Thibault Chaumont, a une boîte de mastering (Deviant Lab) et a fait du très bon boulot sur XIII.

NDLR : dans la salle du Rockstore, connue pour être difficile à sonoriser, le garçon a fait un boulot magistral.

Harun : Pour nous il n'y a même pas de débat possible entre ACOD et XIII. Il se trouve que le public ne le connait pas encore (vu qu'il ne sort que la semaine prochaine) et le découvre en live. On ne joue que 2 titres de ACOD durant notre set... c'est un pari qu'on a pris.

Leprozy : un pari risqué car en général il est assez difficile d'apprécier en live des morceaux à la fois brutaux et techniques sans les avoir déjà écoutés auparavant. Là, le pari est gagné car le public a très bien réagi et est tout de suite rentré dans l'ambiance...
Harun : on se rend compte que certains morceaux claquent plus sur scène que d'autres. Alors quand tu arrives dans une tournée pour présenter un nouvel album, tu dois penser à ça pour marquer le public. De plus, c'est pour nous un retour sur scène après presque deux ans et il était hors de question de revenir lourdement sur ACOD alors qu'on a un nouvel album sous le bras.

Leprozy : si on ne devait retenir qu'n titre de ACOD pour imager ce qu'est XIII à nos lecteurs, serait-ce " Sick Boogie Murder " ?
Harun : non, ce serait trop réducteur. A mon sens, XIII a 4 couleurs principales :
> il y a vraiment des morceaux atmosphériques comme on n'en a jamais fait d'ailleurs, où on trouve du ibo, du bottleneck, des atmosphères au clavier qu'on été développées d'une manière presque indus
> des morceaux extrêmement brutaux à l'ancienne mais sur lesquels on a poussé la technique à fond pour ce faire plaisir dans ce sens
> des morceaux groovy dans l'esprit de " Sick Boogie Murder " qui n'était en fait qu'une expérimentation, un délire du deuxième album. On s'est dit que c'était une couleur du groupe qu'on devait exploiter donc sur XIII il y a des morceaux plus développés dans ce sens.
> Et il y a toujours des morceaux à la sauce Trepalium très groovy, en ternaire, basé sur des articulations rythmiques.

On ne peut donc pas réduire XIII à un seul morceau de ACOD, ce serait faux. C'est un nouveau départ et on y retrouve bien sûr la patte Trepalium.

 

 

Leprozy : XIII reprend l'histoire de ACOD là où vous l'aviez laissée... la folie meurtrière est installée dans la tête d'un clown et ça va saigner... Pourquoi un clown ? Trop de films de Rob Zombie ?
KK : non non, pas du tout, si ça ne tenait qu'à moi ce serait des morts vivants partout mais ça ne collerait absolument pas avec Trepalium.
En fait c'est venu avec le temps notamment avec le clip de " Sick Boogie Murder " (NDLR : qui met en scène un clown meurtrier). Je trouvais que c'était une bonne idée d'utiliser l'imagerie du clown pour garder une continuité entre ACOD et XIII. Dès ACOD, je voulais écrire l'histoire d'un personnage et c'est ce que j'ai continué à faire sur XIII. L'histoire prend la forme d'un triptyque, reste aux gens à deviner la suite...

Leprozy : on doit donc s'attendre à une suite... savez vous déjà où vous allez aller sur le plan musical ?
KK : Déjà on va aller à Toulouse pour le concert de demain (rires).
Harun : pour le reste, tout est possible, on essaye de se surprendre nous-mêmes.
KK : pour l'instant, on n'est pas du tout dans la phase de création du prochain album, on profite pleinement du live après la frustration de notre période de break durant laquelle nous n'avons pas tournés. On verra bien ensuite où l'inspiration nous portera.

Leprozy : un dernier mot ?
Harun : merci pour l'interview, ça faisait longtemps.
Ludo : le garage * de Montpellier est un enfoiré !
Nicolas : j'ai un Ford Transit de 95 à vendre et ma grand mère vend une super cinq bleue de 130000km... (rires)

Leprozy : Trepalium en 3 mots ?
Nicolas : viens prendre l'apéro

Leprozy : ça fait 4...
Harun : Groovy Death Metal !

 

http://www.myspace.com/trepal

 





 

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