Entre
QUEENSRYCHE et moi, l'histoire dure depuis près
de 25 ans, soit la publication du EP " Queen
of the Reich " et du fabuleux " The Warning
", premier album du combo de Seattle qui figure
parmi mes toutes premières acquisitions discographiques
alors que je n'étais qu'un jeune branleur
de 13 ans. C'était aux alentours de 1984
Depuis, j'ai eu plusieurs fois l'occasion
de croiser la route de QUEENSRYCHE, chaque fois
avec le même bonheur et un enthousiasme indéfectible
mais il manquait un élément à
cette relation. Jamais je n'avais eu l'occasion
d'assister à l'interprétation intégrale
en live de l'album 'Operation Mindcrime', cette
pièce unique d'orfèvrerie métallique,
l'album ultime que j'emporterais avec moi sur une
île déserte si on devait m'en donner
le choix. Après un rendez-vous manqué
fin 2007 suite à l'annulation de toute sa
tournée européenne, le groupe revenait
enfin sur le vieux continent en ce printemps 2008
pour une série de dates parmi lesquelles
un soir au fameux Razzmatazz de Barcelone. Pas besoin
de vous faire un dessin quant à mon état
lorsque le programme de la soirée est confirmé
par le promoteur, à savoir que " le
groupe jouera l'intégralité du 'Operation
Mindcrime I et II ainsi que quelques autres de ses
meilleurs titres ".
Malgré
un Razzmatazz rempli qu'aux trois quarts, signe
de la baisse de popularité d'un groupe dont
les dernières réalisations ne font
pas l'unanimité et d'un manque de renouvellement
de sa fan-base parmi le jeune public, la ferveur
des fans présents ne semble pas atteinte
par le temps. Les tee-shirts à l'effigie
du groupe, de toutes périodes confondues,
attestent de la fidélité sur la durée
dont le groupe bénéficie et lorsque
les lights s'éteignent, un immense frisson
me parcourt l'échine.
A
l'arrière de la scène, affichant un
décor de ruelle glauque, est tendu un écran
sur lequel est lancée la projection de l'animation
accompagnant l'intro de l'album qui orchestre la
soirée. 'I remember now / Anarchy X' résonne
dans la sono, Nikki apparaît sur l'écran,
gisant sur son lit d'hôpital, l'esprit parcouru
par des bribbes de son passé, à demi
inconscient. Voilà qu'un flash éclaire
sa pensé, lui, le junky coopté par
une organisation secrète fomentant la révolution,
tandis que le groupe fait son entrée sur
scène sous les riffs de 'Revolution calling'.
Scott Rockenfield derrière son kit de batterie,
le discret Eddie Jackson à la basse, ainsi
que Michael Wilton et Mike Stone avec sa combinaison
post-nucléaire aux guitares. L'arrivée
de Geoff Tate se fait alors sous les hurlements
de plaisir du public.
Le
chanteur, qui se met en scène sous les traits
de Nikki lance la soirée. Le chanteur se
fait acteur et coordonne chacun des tableaux de
l'opéra - rock qu'est 'Operation Mindcrime'
en s'immergeant complètement dans le rôle
de Nikki. Totalement manipulé par le Docteur
X et ses méthodes radicales de lavage de
cerveau, le voilà téléguidé
sur 'Operation Mindcrime' et 'Speak', prêt
à accomplir les pires desseins de son mentor.
Egalement sous influence de Sister Mary, un autre
membre de l'organisation du terrible docteur, jouée
par la sculpturale Pamela Moore et sa voix sublime,
voilà Nikki entrainé dans un tourbillon
de violence sur 'Spreading the disease' mais également
de questionnements et de doutes (le sublimissime
'The Mission'). Alors que les deux amants tentent
de fuir, Nikki est rattrapé par son état
de manque et le Docteur X lui commande de tuer Mary.
Geoff Tate, qui incarne le pauvre garçon
à la perfection, vit littéralement
la scène et son chant impressionnant de maîtrise
n'a d'égal que son jeu d'acteur.
Il
se tord de douleur, exprime toute sa souffrance
mentale sur 'Suite Sister Mary' lors d'un duo incroyable
avec Pamela Moore, avant de sombrer dans l'effroi
sur 'The Needle Lies'. La suite se poursuit dans
la tragédie. Nikki tente de rejoindre Mary,
mais lorsqu'il la trouve enfin, celle-ci gît
sur le sol, une balle dans la tête. Suicide
? meurtre ? Nikki aurait-il commis l'irréparable
sur ordre ou est-ce le Docteur X qui a lui-même
exécuté l'ex-prostituée transformée
en religieuse ? L'enchaînement " Electric
Requiem / Breaking the silence / I don't believe
in love " sert de bande - son au chaos que
vit Nikki, prostré et appréhendé
par la police sur " Waiting for 22 " avant
d'être interné (" Empty room /
Eyes of the stranger ").
Voilà
prêt d'une heure et demi que le groupe est
sur scène, ravissant son public aux anges
devant tant de maestria et soufflé par l'interprétation
des musiciens et des différents acteurs qui
se relaient autour de Geoff / Nikki et de Pamela
/ Sister Mary pour faire vivre l'histoire de ce
'Operation Mindcrime', véritable tragédie
musicale parfaitement exécutée par
un des groupes ayant écrit une des plus belles
pages de l'histoire du Métal. Mention spéciale
à Pamela Moore également, pour son
interprétation parfaite de Sister Mary, notamment
sur le moment le plus fort de cette première
partie de soirée, avec la mise en scène
de sa mort.
Les
lights se rallument une première fois pour
une entracte de vingt minutes, le temps pour les
roadies de modifier entièrement le décor
de la scène et de replonger le public dix-huit
ans plus tard, à la sortie de prison de Nikki.
'I'm American', 'One foot in hell', l'ex-junky,
toujours tiraillé entre son désir
de vengeance envers le riche et puissant Docteur
X et son rejet d'un système politique corrompu,
oriente toujours ses pensées vers Sister
Mary.
'The
hands', 'Signs say go', chaque titre est un pas
de plus pour Nikki vers la satisfaction de cette
vengeance et l'expulsion de sa haine envers le Docteur
X, qu'il retrouve enfin. 'The Chase' est lancé.
Après un premier accrochage verbal, voilà
Nikki qui lance sa moto à pleine vitesse
sur la limousine du docteur. Ce dernier, à
demi inconscient est trainé jusque dans l'église
où le corps de Sister Mary avait été
retrouvé et Nikki l'exécute à
son tour. Loin de retrouver la paix, Nikki se sent
à nouveau totalement vide et le fantôme
de Sister Mary l'accompagne comme pour le guider
vers sa propre fin. Vraie apparition ou fruit de
son imagination ? 'Circles', 'If I could change
it all', hésitant d'abord entre un revolver
ou la corde pour se pendre, le pauvre garçon
jette son dévolu sur la seringue et s'injecte
une dose létale d'héroïne. Son
âme rejoint alors celle de Mary pour un superbe
final à filer la chair de poule au plus rustre
des métalleux patchés ('Fear city
slide / All the promises').
Alors
que le public, sonné, retient son souffle,
le groupe revient sur scène pour un rappel
en forme de coup de grâce. 'Best I can', 'Jet
City Woman' et 'Silent Lucidity', tous tirés
de l'immense 'Empire' sont magistralement alignés
et parachèvent une soirée parmi les
plus belles que j'ai eu l'occasion de vivre en terre
catalane. Inoubliable ! (YvesZ)
Setlist
'Operation Mindcrime part 1 '
·
"I Remember Now"
· "Anarchy-X"
· "Revolution Calling"
· "Operation: Mindcrime"
· "Speak"
· "Spreading the Disease"
· "The Mission"
· "Suite Sister Mary"
· "The Needle Lies"
· "Electric Requiem"
· "Breaking the Silence"
· "I Don't Believe in Love"
· "Waiting for 22"
· "My Empty Room"
· "Eyes of a Stranger"
Setlist
'Operation Mindcrime part 2 '
·
"Freiheit Overture"
· "Convict"
· "I'm American"
· "One Foot In Hell"
· "Hostage"
· "The Hands"
· "Speed of Light"
· "Signs Say Go"
· "Re-Arrange You"
· "The Chase"
· "Murderer?"
· "Circles"
· "If I Could Change It All"
· "An Intentional Confrontation"
· "A Junkie's Blues"
· "Fear City Slide"
· "All the Promises"
Rappels
:
·
"Best I can"
· "Jet City woman"
· "Silent Lucidity".
QUEENSRYCHE
- "Silent Lucidity" live Barcelone 2008