du
02 au 04 Aôut 2007
Wacken
(Allemagne)
Et voilà le grand cirque
qui repart ! Wacken. S'il est bien un festival qui,
à la seule évocation de son nom, fait
immédiatement frémir le métalleux
poilu, c'est bien celui organisé chaque année
dans cette petite bourgade aux paysages bucoliques
qu'est Wacken, coincée entre Hambourg, la mer
du Nord et la frontière danoise. Lieu de pèlerinage
obligé pour tout amateur de musique des enfers,
objet de vénération, mythe vivant, chaque
affiche devient, au fil des ans, encore plus attendue,
encore plus dure, encore plus forte, et cette 18ème
édition n'échappe pas à la règle.
Affiche,
camping, public, bouffe, boisson, sanitaires, météo,
groupes, tout semble ici être porté par
la démesure et je dois bien avouer que j'aime
ça. C'est avec cette promesse d'une semaine
hors du temps que je prends place dans mon fidèle
Kangoo Nuclear Blast pour rallier Paris depuis Béziers
pour une première halte afin d'y récupérer
trois illustres warriors de notre diabolique cause,
Dieu, Le Gorg et Murder One, afin de tailler la route
ensemble et se mettre en condition avant le grand
jour.
Jeudi
02 août :
Il
est cinq heures du matin et le jour s'est déjà
levé sur le Schleswig - Holstein,
la région de Hambourg, lorsque le panneau d'entrée
dans le village de Wacken marque la fin de notre voyage
aller. Nous sommes partis de Paris depuis la veille,
17 heures, et il me faut bien du courage pour lutter
contre la fatigue. Mes trois acolytes dorment à
point fermés et le " Killing Peace "
d'ONSLAUGHT est le bienvenu pour m'assister sur les
derniers kilomètres. Nous
rejoignons enfin le bureau des accréditations,
situé à l'entrée du village où
se pressent déjà nombre de VIP pas très
frais et déjà bien imbibés pour
certains, alors que le local n'ouvre qu'à 8
heures. Un petit somme et une première bière
en guise de petit déjeuner plus tard, les portes
s'ouvrent et nous récupérons nos précieux
sésames, le fameux backstage pass qui, vous
le lirez plus loin, nous aura été, cette
année, plus salvateur que jamais.
Le
Gorg, malgré sa gouaille habitude, est un peu
ronchon ce matin. Le camping du festival est plein
à craquer et les tentes s'étendent à
perte de vue. Le bougre se voit contraint d'accepter
la position majoritaire au sein du Kangoo, à
savoir de s'installer dans le camping VIP - presse.
On aurait proposé au garçon d'aller
à l'hôtel qu'il n'aurait pas été
plus vexé ! Lui, le warrior ultime, qui affiche
à son palmarès, les festivals les plus
illustres de la planète Métal, qui ne
craint aucun WC chimique, qui bannit les douches,
qui se nourrit de choucroute en boite et de cassoulet
froid, de saucisses allemandes et de harengs, le grand
Gorg,
dans le camping VIP ! L'affaire
est vite réglée et à peine installés,
nous prenons vite la mesure de notre privilège.
Le camping en question est placé sur le côté
du site, à 500 mètres des scènes
principales, juste après l'espace presse. Cela
permet de rallier les premiers rangs en quelques minutes
alors que les campings publics les plus reculés
nécessitent un quart d'heure de marche et un
passage infernal au portique de l'entrée principale.
Soit un enfer terrible, lorsqu'on apprend que cette
année, le festival affiche complet avec près
de 70 000 visiteurs contre 40 000 il y a encore deux
ans.
La
montée en puissance du Wacken est bien réelle
et nombreux sont les habitués qui regretterons,
durant cette édition, cette mutation de l'évènement
dont les proportions lui font perdre, au fil du temps
son image de pionnier pour celle de grosse machine
commerciale. Il
est près de 16 heures lorsque les portes s'ouvrent
enfin. Le ciel est légèrement voilé
mais la pluie semble vouloir nous épargner
cette année. Nous accédons au site parmi
les premiers depuis l'espace presse tandis qu'une
marée humaine impressionnante se déverse
plus bas, depuis les portiques. Le Gorg comprend alors
tout l'intérêt de notre emplacement stratégique.
Le coffre du Kangoo abrite la réserve de bière
et permet des ravitaillements réguliers en
quelques minutes, le vigile contrôlant les accès
de la presse ne refusant que les cannettes en verre
et pas les gobelets, pleins ou vides.
Premiers constats, la disposition des scènes
a changé. La Party Stage (baptisée le
premier soir Hellfest Stage) a déménagé
du champ principal vers un nouveau champ, plus à
droite, afin de libérer plus d'espace sur le
site principal. L'affiche offre de même dès
ce premier jour, non seulement des groupes sur la
scène principale mais également sur
la Wet Stage, installée comme d'habitude au
bas du site, et sur la Hellfest Stage. Dernière
particularité, les deux scènes principales
accolées ont interverti leurs noms, la Black
Métal Stage étant passée à
gauche, et la Main Stage à droite. Cap
est mis sur la Black Stage après un passage
au bar, pour l'entame des hostilités. Le public
rallie le site en masse et on peut déjà
noter la différence d'affluence par rapport
aux années passées.
Le
pit est blindé lorsque BLITZKRIEG apparaît
sur scène, libérant le public d'un an
d'attente. Le WOA 2007 est lancé et "
le groupe qui a influencé METALLICA "
(c'est pas moi qui le dit, c'est écrit sur
les flyers du combo), n'a aucun mal à faire
bouger ses fans. Mené par un Brian Ross très
en voix, le groupe anglais fait la part belle en début
de set aux titres de son récent " Theater
of the damned ", avant de lancer ses classiques,
popularisés par James Hetfield et ses potes,
et notamment le génial " Am I evil ".
Une très bonne mise en jambe. Sur
la Wet Stage, le Metal Battle est lancé. Les
groupes sélectionnés lors des tremplins
organisés dans différents pays se préparent
et ce sont les français de WARGASM qui sont
chargés de défendre nos couleurs. Gonflés
à bloc par l'enjeu, menés par un chanteur
très charismatique et malgré un son
moyen, le groupe se donne à fond devant un
pit en ébullition, et ponctue son set par le
très bon " Manhunt " et une cover
d'enfer, le " Night's blood " de DISSECTION.
Retour
devant la Black Stage, où un gros morceau est
annoncé.
Il
est 18 heures passées lorsque ROSE TATTOO investit
la scène devant un parterre compact de fans
ravis. Angry Anderson, dont le poids des ans et les
coups durs n'ont pas altéré les convictions,
mène les Tatts de main de maître et prend
le public à la gorge pour ne pas le lâcher
de tout le set. Les légendaires australiens,
dont le récent " Blood brothers "
rend hommage au guitariste Pete Wells et au bassiste
Ian Rilen, tous deux disparus en 2006, font un carton
et concluent leur show par un " Nice boys don't
play Rock'n roll " dantesque et repris en chur
par tout le public. A
peine le temps de jeter un il au Métal
viking de TYR sur la Wet Stage que je dois rejoindre
la Black Stage, d'où monte une clameur annonçant
l'arrivée de SODOM. Le trio, chef de file du
Métal teuton des années 80 avec DESTRUCTION
et KREATOR, évolue ici en terrain conquis,
mené par un Tom Angelripper motivé comme
jamais. A ses côtés, Bernemann à
la basse et le cogneur Bobby Schottkowski complètent
le tableau pour un set tonitruant, violent à
souhait, faisant la part belle aux classiques du groupe.
Il y a en effet 25 ans, le groupe voyait le jour à
Gelsenkirshen et le show de ce soir est exceptionnel
puisque Tom a invité tous les anciens membres
à le rejoindre pour fêter l'évènement.
Alors
que la formation actuelle entâme le set par
les récents " Blood on your Lips",
"Wanted Dead " et " City of God ",
la machine à remonter le temps s'enclenche
avec la montée sur scène de Grave Violator
pour " Blasphemer ", puis Franck Blackfire
pour trois titres dont un furieux " Proselytism
realm ". A la batterie, Bobby assure la majorité
du set alors qu'on se demande pourquoi Chris Witch-hunter
ne fait pas parti de la fête, seulement relayé
sur quelques titres par Atomic Steif aujourd'hui dans
les rangs de HOLY MOSES. La valse des guitaristes
continue et c'est au tour de Michael Hoffmann puis
Andi Brings de participer à cette visite en
profondeur du patrimoine " sodomesque ",
au son des meilleurs titres de " Persecution
mania ", "Agent orange ", les deux
moments forts de la carrière du groupe, et
du trop sous-estimé " Better off dead
". Le best-of live continue et le final prend
forme autour du trio actuel avec " Sodomy and
Lust", "Ausgebombt ", "The Saw
is the Law", "Outbreak of Evil" et
un " Bombenhagel " qui voit chaque musicien
revenir sur scène pour un final bien bordélique
laissant une impression de show en demi teinte, plombé
par des cassures de rythme dues aux incessants changements
de musiciens.
Il
est 21 h 30 et un dilemme atroce m'envahit. SAXON
s'apprête à monter sur scène sur
la Black Stage pour un show de deux heures trente
marquant le point fort de cette " Night to remember
" tandis que HATESPHERE puis OVERKILL sont programmés
au même moment sur la Hellfest Stage. Après
bien des hésitations, je décide de zapper
Biff et ses potes, que j'ai vu ces dernières
années un nombre incalculable de fois pour
me concentrer sur les deux combos qui doivent clôturer
l'affiche du jour sur la Hellfest Stage. Tant pis
si cela constitue le pire des affronts pour les "
True ", je m'en fous et j'assume ! Je rallie
donc la Party Stage où les danois d'HATESPHERE
sont annoncés pour constater que les jeunes
kids sont sacrément nombreux et renouvellent
un public de vieux guerriers plus toujours très
frais. Et dès les premiers accords, la folie
s'installe. Le pit explose et les crowd-surfers se
multiplient au dessus d'une fosse compacte qui mange
littéralement dans la main de Jacob Bredhal,
le chanteur charismatique et surpuissant qui depuis,
a malheureusement quitté le groupe. Axant son
set sur les deux derniers albums en date, " Serpent
smiles
" et " Sickness within ",
HATESPHERE confirme son statut de challenger officiel
au titre de leader du Métalcore européen.
A
peine le temps de jeter un il et une oreille
au set de SAXON (quand même !), qui fait chavirer
le public du WOA tant son histoire d'amour avec le
festival allemand est longue et intense, que je reviens
devant la "Hellfest Stage " où OVERKILL
est attendu. Le combo new-yorkais, qui se fait rare
en Europe est déjà passé par
Wacken, dont la prestation lors de l'édition
2005 sur la True Metal Stage reste pour moi un grand
souvenir éthylique. Mais le show de ce soir
est encore plus fort. Il fait nuit, le groupe bénéficie
d'une météo favorable et a prévu
de filmer l'intégralité de son set pour
un prochain DVD. L'affaire
commence pourtant mal, le combo, avec son perfectionnisme
typiquement américain démarrant son
concert avec dix bonnes minutes de retard. Lorsqu'on
connaît la rigueur allemande concernant les
timings de chaque groupe, on se dit alors que le show
des new-yorkais va sérieusement en pâtir.
Tout
ça est bien vite oublié lorsque enfin
les cinq tueurs apparaissent sur scène et lancent
un " Rotten to the core " pied au plancher.
La
silhouette de Bobby, arc-bouté sur son pied
de micro se découpe dans les fumigènes
et DD Verni, charismatique en diable semble prêt
à dévorer les premiers rangs. Le groupe
a l'écume aux lèvres et chaque titre
est accueilli par le public dans un chaos indescriptible.
" Elimination ", " Necroshine ",
" Thanx for nothing ", les hits s'enchaînent
et le bonheur est total. " Skull and bones ",
" In union we stand ", repris par tout le
public, " Walk through fire", l'intensité
est à son comble et le trio final est apocalyptique.
" Wrecking crew ", " Old School "
et l'utime " Fuck you " sont d'une puissance
inouïe et mon bonheur est immense de voir à
quel point le Thrash old-school revient depuis quelques
temps au goût du jour et surfe sur une vague
" revival " absolument délicieuse.
Il
est minuit et les hostilités sur la Hellfest
Stage et la Black Stage sont terminées pour
ce soir. La marée humaine reflue paisiblement
vers la sortie, l'humidité tombe sur le site
et je regagne le camping avant un dernier tour vers
la Wet Stage, transformée en ballroom avec
mes potes Gorg et MurderOne pour une dernière
bière au son du traditionnel karaoké
métal. Une bonne première journée
s'achève !
Vendredi
03 août :
Le
réveil est rude en ce deuxième jour.
Tandis que soleil semble bien parti pour nous accompagner
durant toute cette édition 2008, les essais
de sono sur les scènes toutes proches font
trembler les
tentes du camping VIP. Je ne me plaindrai toutefois
pas, car à peine me suis-je extirpé
de mon fidèle Kangoo que je m'étale
de manière bien primaire dans les vingt centimètres
d'herbe fraîche bien grasse de la terre de Wacken,
en savourant ce moment privilégié de
glandouille totale tandis que les grognements tous
proches du Gorg qui attaque une boîte de thon
à la catalane me bercent doucement.
Pas
le temps de traîner. Le programme de la journée
est plus que chargé et il est à peine
onze heures quand les riffs de SUIDAKRA sur la Black
Stage se mêlent à ceux des furieux BLACK
DALHIA MURDER qui viennent de lancer leur set sur
la Party Stage. Le public est déjà nombreux
à se presser dans le pit et une assiette de
noodles plus tard, je suis moi aussi opérationnel.
Alternant les deux shows, je me mets en position idéale
pour le groupe à suivre sur la True Metal Stage,
AMORPHIS. Les fans trépignent et les finlandais
semblent très attendus, lorsqu'une fumée
inquiétante, noire et épaisse monte
de la droite de la scène. Le site, détrempé
par quinze jours de pluie incessante, a été
aménagé par les organisateurs qui ont
répandu devant les scènes principales,
un volume impressionnant de copeaux de bois, et des
quantités tout aussi énormes de paille
sur le reste du site. C'est précisément
un feu de paille, probablement dû à un
mégot ou à un acte imbécile,
qui commence à se propager à une vitesse
folle. La foule qui s'est pressée dans un premier
temps par curiosité, commence à refluer
dans un mouvement heureusement calme tandis que les
pompiers interviennent. Il faudra une bonne vingtaine
de minute pour arrêter le sinistre, mais durant
les deux jours suivants, les pompiers resteront en
surveillance en arrosant régulièrement
le site. Les
images du premier jour du Hellfest me reviennent en
mémoire à cet instant précis,
lorsque je vois les musiciens d'AMORPHIS sur le côté
de la scène, quelque peu désemparés,
filmant les opérations, alors que le programme
vient de subir un net retard.
Qu'à
cela ne tienne, la Black Stage s'anime et NAPALM DEATH,
qui devait prendre la suite a vu son set avancé
pour l'occasion. Le combo anglais, fidèle à
sa réputation, ne fait aucune concession et
c'est un Barney plus possédé que jamais
qui conduit la manuvre. Mitch Harris et Shane
Embury encadrent le chanteur et le grind-death dévastateur
du groupe fait le reste. Le " World domination
tour " sur lequel NAPALM DEATH est embarqué
porte bien son nom et le pilonnage en règle
des premiers rangs est magistral en ce début
d'après midi. Tout
est rentré dans l'ordre sur la True Metal Stage
pour le set d'AMORPHIS, qui est lancé sans
attendre afin de récupérer le temps
perdu sur le running order. Les finnois comptent une
fan-base impressionnante et le pit affiche quasiment
complet. A l'image de SENTENCED lors de l'édition
2003, le show délivré par le combo est
impeccable et évoque immanquablement cet autre
grand groupe, hélas disparu. Tomi Joutsen,
charismatique en diable conduit les débats
et transporte le public de titre en titre. L'ex-combo
de Death metal, reconverti au fil des ans, dans le
Power Dark a réintégré dans ses
rangs Jan Rechberger, son batteur originel et s'offre
un plaisir non dissimulé devant un parterre
de fans conquis. Un
grand moment se prépare alors sur la Black
Stage, avec l'entrée en scène d'un des
combos les plus cultes de la grande histoire du Métal
et surtout du Thrash, POSSESSED. Pionniers du thrash
métal, ces contemporains de METALLICA, SLAYER,
EXODUS, TESTAMENT ou encore MEGADETH, ont participé
au début des années 80, à l'éclosion
et à l'avènement de ce mouvement, et
ont largement contribué à la richesse
de la scène de la fameuse Bay area. Reformés
pour l'occasion autour de membres de SADISTIC INTENT
et menés par un Jeff Beccerra cloué
sur un fauteuil roulant après avoir pris une
mauvaise balle lors d'une agression en 1989, le combo
a retrouvé le son de ses premières productions,
les fameux albums " Seven churches " et
"Beyond the gates ", dont les meilleurs
morceaux font frémir les vestes à patches.
Si nombre de jeunes kids ont du mal à saisir
l'intensité du moment, les anciens savourent
l'instant et en redemandent. Malgré le son
un peu chaotique, POSSESSED fait mouche et ravive
la flamme du thrash old-school, qui n'en finit plus
de reprendre de la vigueur ces derniers temps. Culte
! L'heure
est venue de l'entrée en scène de THERION
sur la True Metal Stage. N'étant pas un grand
amateur du style des suédois, et vu leur comportement
lors du Hellfest en juin dernier, je profite de leur
set pour faire un tour au bar. Je mesure alors l'ampleur
de l'évènement. Le portique d'entrée
est submergé par une marée humaine sans
rapport avec les précédentes éditions.
La foule est partout, et on se demande comment le
site pourra contenir les 70 000 fans annoncés
par les organisateurs. S'en est même effrayant,
lorsqu'on repense à l'incendie du début
d'après midi. Sur scène, le show bât
son plein et le public fait une ovation à THERION,
qui tire sa révérence sous les acclamations.
Que
ne regrette-je pas ce jour funeste de l'édition
2004, lorsque j'ai croisé entre le carré
presse et le camping VIP, Chris Boltendhal. Ce jour
là, tout s'est écroulé. Le chanteur
de GRAVE DIGGER, celui-là même qui conduit
le fier combo allemand, dont le Heavy Metal est "
true " de chez " true ", me croisait
ce jour là et n'était affublé
que d'un débardeur blanc, d'un caleçon
de nuit gris et d'une paire de tongues, style "
les allemands en short ! ". Mon monde s'écroulait.
Le fier warrior au perfecto couvert de clous ne serait
en fait qu'un frêle métalleux à
la peau laiteuse et aux cheveux gris frisottants
Gasp ! J'en perds tous les patches de ma veste ! Mais
qu'importe, je me remobilise et rejoins les premiers
rangs pour l'entrée en scène les preux
guerriers teutons, dont le Heavy orthodoxe et sans
concession me vrille le crâne. Il faut dire
que les deux bières que je viens de m'enfiler
avec deux potes anglais participent allègrement
à l'exercice.
Dans
la fosse, la folie gagne les fans, et on se dit forcément
que le public allemand n'est pas comme les autres.
Quel groupe ne rêverait-il pas de voir son public
le porter comme les fans allemands soutiennent leur
scène ! La ferveur vire à l'adoration
chez certains et la communion est totale sur "
Heavy metal breakdown " tandis qu'au loin, Gorg,
retenu par une urgence dans un WC chimique, reprend
le refrain en cur ! Génial ! La
journée se poursuit et tandis que TURBONEGRO
puis J.B.O. font bouger le pit, je file vers l'imposant
Metal Market avant de revenir au pas de course pour
ne rien rater du prochain groupe qui est annoncé
sur la Black Metal Stage, LACUNA COIL. La fosse est
en effervescence, et l'entrée en scène
des italiens se fait sous les acclamations d'un public
conquis à l'avance. Mené par la belle
Cristina Scabbia, le combo qui a sérieusement
" américanisé " sa musique
depuis sa percée sur le marché US ravit
ses fans mais aura du mal, en cette fin d'après
midi, à faire réellement décoller
son set, malgré des " Fragments of faith
", " Fragile ", et " Heaven's
a lie " convaincants, et une reprise du "
Enjoy the silence " de DEPECHE MODE trop gentille
mais tout de même agréable. Je regrette
encore une fois que la majesté du chant féminin,
atmosphérique, soit complètement dénaturé
par un chant masculin annexe totalement superflu et
pas du tout à la hauteur, comme c'est également
le cas pour d'autres combos à chanteuse tels
que EPICA ou encore AFTER FOREVER. Dommage
Il
est déjà 21 heures, et la suite se passe
sur la True Metal Stage, où une des têtes
d'affiche se prépare à monter sur scène.
La fosse est archi-bondée, et BLIND GUARDIAN
est attendu de pied ferme. Le combo allemand, qui
joue à domicile, jouit d'une sacrée
notoriété et le set de ce soir est annoncé
comme un évènement. Du moins, de la
part du label et des promoteurs. Parce qu'en ce qui
me concerne, j'ai bien du mal à rester attentif
au spectacle qui se joue sur scène. Light-show
gargantuesque, backdrop formé d'un immense
rideau de lights, gros son, setlist en forme de best-of
dans la quelle on retrouve " The Bard's Song"
," Vallallah ", " Nightfall ",
" Time Stand Still ", " Mirror Mirror
", "Imagination From The Other Side"
et des musiciens aussi concernés par
la soirée qu'un groupe d'eunuques dans une
orgie romaine. Bref, électrocardiogramme plat,
avec mention spéciale au chanteur, planté
comme un flan derrière son micro, et dont le
charisme rivalise avec celui de l'huître de
Bouzigues (34) ! Rajoutez à cela, des commentaires
en allemand histoire de bien exclure une partie du
public de toute communion, et me voilà au bar
en train de recharger les batteries avant le grand
moment de la soirée.
Celui-là
arrive dès la fin du show de BLIND GUARDIAN
avec la préparation de la Black Metal Stage
au set suivant, celui de DIMMU BORGIR. Et là,
c'est la claque ! Servis par un son en béton,
avec une mise en scène réglée
et minutée, un look parfaitement étudié
renforçant leur charisme, les norvégiens
ont écrasé de leur classe, la nuit allemande.
Pilonnant la foule de leur Black symphonique, le combo
envoie d'entrée un " Progenies of the
great Apocalypse " magistral, suivi de quelques
perles comme " Cataclysm children ", "
Kings of the carnival creation ", " A succubus
in rapture ", et le fabuleux " Serpentine
offering ", avant que le final " Spellbound
" / " Mourning palace " ne conclut
un set tonitruant renforcé par un light show
dantesque. Enorme ! Quel
cataclysme ! Et la soirée n'est pas finie.
Malgré
l'heure, il est minuit passé, les roadies s'affairent
sur la True Metal Stage pour l'entrée en scène
d'ICED EARTH. Le combo de Jon Schaffer avait annulé
sa dernière venue, lors de l'édition
2003, et avait été remplacé au
pied levé par un TWISTED SISTER qui avait donné
ce soir-là, le show le plus dingue et le plus
génial de cette affiche. Cette année,
ICED EARTH est au rendez-vous et l'arrivée
du groupe sur les planches déclenche l'enthousiasme
d'un public largement composé de fans. "Burning
Times", "Declaration Day", "Violate",
"Vengeance is Mine", l'entame de set est
tonitruante et n'augure que du bon pour la suite.
Tim " Ripper " Owens, bien plus détendu
qu'à l'époque où il occupait
le poste de frontman dans JUDAS PRIEST, nous régale
de son timbre de voix et place des " screamings
" à vous glacer le sang. Les puristes,
qui rêvent d'un retour de Matthew Barlow, apprécient
tout de même l'instant présent et en
redemandent. Les effets pyrotechniques renforcent
encore cette entrée en matière toute
en puissance, et la set-list, qui lorgne définitivement
vers les récentes réalisations d'ICED
EARTH finit de combler les sceptiques. " Ten
thousand strong ", " A charge to keep ",
et le fameux " Something wicked " libèrent
totalement le groupe, qui livrera ce soir-là,
un grand show, se rattrapant ainsi d'avoir fait faux
bond au Wacken en 2003. L'humidité
est tombée sur la plaine de l'Elbe, et la mer
du Nord toute proche nous rappelle qu'en ces contrées
lointaines, la température tombe vite, même
en été.
Un
sprint rapide vers la Party Stage me permet d'être
aux avant-postes pour l'arrivée sur scène
de SAMAEL. Les suisses, qui ont enchanté leurs
fans avec un " Solar soul " lourd et puissant,
livrent comme en 2004, un set rentre dedans qui redonne
de l'énergie en cette heure avancée
de la nuit. Il est plus de deux heures du matin, et
les " On the rise " et autres " The
ones who came " et " My saviour " me
confirment dans ma volonté jusqu'au-boutiste
de me goinfrer un maximum de groupes à l'affiche
de ces trois jours. Le
retour au camping est toutefois rude car il faut traverser
l'espace presse et résister à l'appel
du bar
Deux pintes et une douche plus tard
( et oui, c'est pas très " true "
ni très " evil " de prendre la douche
au WOA, mais mes satanées années Hair
métal me collent décidément à
la peau !), je m'effondre dans mon fidèle Kangoo
pour une courte nuit salutaire.
Samedi
04 Août :
La
nuit a été réparatrice, et ces
quelques heures de sommeil étaient nécessaires
avant d'attaquer la dernière journée
de ce WACKEN 2007. L'affiche du jour est en effet
colossale, aussi bien en terme de qualité que
de quantité. Le carré VIP ouvre à
11 heures, alors que les techniciens s'affairent sur
la Black Stage, où SONIC SYNDICATE s'apprête
à fouler les planches. Sacré challenge
pour ces jeunots, vainqueurs du concours organisé
par Nuclear Blast et signés sur le prestigieux
label qui a fait un gros battage autour de leur prestation
de ce jour. Très inspiré par l'école
Death suédoise, le combo évolue dans
un Métalcore qui, en ce début de journée,
rameute bon nombre de curieux devant la scène,
et réussit son pari. Celui de mériter
sa place sur une telle affiche, et de jouer sur la
scène principale. La musique du groupe parvient
sans peine à réveiller le public, à
grands coups de "Aftermath"; "Double
Agent 616"; et "Psychic Suicide ",
orchestrée par deux chanteurs bourrés
d'énergie, Roland Johansson et Richard Sjunnesson.
Premier
grand moment de cette dernière journée,
le retour sur les planches de SACRED REICH me renvoit
à la fin des 80's, lorsque encore adolescent,
je rêvais de tailler la route pour suivre mes
groupes préférés en me disant
que ce rêve ne serait jamais réalité.
Mais, non, la réalité est bien là,
et ce sont ces chers Phil Rind, Greg Hall, Jason Rainey
et Willey Arnett qui sont maintenant face à
moi, sur la True Metal Stage. Et même si SACRED
REICH a plus un statut de groupe culte que de leader,
malgré des titres parmi lesquels on trouve
quelques perles de thrash old-school, le bonheur de
voir ce combo en chair et en os me file le frisson.
Le public apprécie également et même
si Phil a désormais le profil de l'américain
moyen (entendez par là, vingt cinq kilos de
trop), les " Crimes against Humanity ",
" One nation ", " Surf nicaragua ",
et le classique " War pigs " de BLACK SABBATH
me filent la pêche pour la journée.
Premier
arrêt au bar, avant de filer devant la Black
Stage, où MOONSPELL est ovationné par
ses fans qui remplissent le pit. Malgré l'heure,
la fosse est copieusement garnie et reprend les "
Memento Mori ", " Vampirya " et "
Fullmoon madness " sans se faire prier, tandis
que le sombre " Opium " est acclamé.
Que du bonheur. Mon
pote anglais Phil, que je revois chaque année
avec toujours autant de plaisir n'en finit pas de
me ravitailler en bière allemande et c'est
plein d'une profonde allégresse que j'assiste
au show de STRATOVARIUS. Les finlandais sont des habitués
du Wacken et ont foulé les planches du festival
en de multiples occasions, au point même d'y
jouer les " surprise acts " en 2006 pour
trois titres en forme de come-back et lancer la promo
de leur album éponyme. Cette année,
la donne est toute autre. Le combo se produit en pleine
après midi et n'a rien de nouveau à
mettre sous la dent de ses fans, si ce n'est de les
rassurer sur son état. Et c'est là que
réside tout le problème. Malgré
une reformation et le recrutement d'un nouveau bassiste
sacrément doué, STRATOVARIUS n'en finit
pas de s'étioler. Les deux Timo, toujours aussi
peu complices sur scène assurent le minimum
syndical, Tolki s'empêtrant dans un jeu de guitare
trop brouillon et Kotipelto en perdition dans les
aïgus. Le reste du groupe, trop en retrait, ne
sauvera rien lui non plus, et les " Hunting high
and low ", " Speed of light " et "
Visions " n'arriveront pas à convaincre,
malgré leurs qualités intrinsèques
sur album. Surprise du set, un nouveau titre est envoyé,
" The last night on Earth ". Revisitant
la période la plus prolifique du groupe, ce
morceau speed à souhait aura redonné
des couleurs aux fans ultimes. Le show finit malgré
tout en demi-teinte, avec " Eagle Heart "
et le mid-tempo " Black diamond " bien étonnant
en fin de set, alors qu'un " Forever " aurait
assurément comblé les espoirs de la
fosse.
Le
soleil tape dur et le public se presse devant la True
metal stage. RAGE est attendu et le groupe de Peavy
Wagner n'est pas venu les mains vides puisque le Lingua
Mortis l'accompagne. Cet orchestre symphonique biélorusse,
qui accompagne le trio pour une série de shows
est l'attraction du jour. Tout l'arrière de
la scène est ainsi investi par les musiciens
tandis que la batterie est placée sur le côté.
Le nouveau batteur, Andre Hilgers rassure d'entrée
par sa frappe mesurée, qui s'accorde parfaitement
avec les instruments classiques, pourvus d'un son
impeccable. Devant, Peavy et Victor Smolski lancent
les débats pour un set articulé principalement
autour de trois albums : " Lingua mortis ",
évidemment, " XIII ", et le récent
" Speak of the dead ". L'intensité
dégagée par la formation est impressionnante
et renforce la portée de l'évènement.
Peavy est toujours aussi détendu et souriant,
Victor Smolski exprime toute sa virtuosité
et derrière, les musiciens de l'orchestre savourent
le spectacle d'un pit est ébullition qui réagit
comme un seul homme à chaque nouveau titre.
"From
the Cradle to the Grave", "Alive but Dead",
"Firestorm", "Lost in the Ice",
"Morituri Te Salutant", "Innocent",
"Depression", chaque morceau et chaque mouvement
sont salués par une ovation, et le public est
en transe. Alors qu'un dernier titre, " Concert
for Violin and Oboe", est joué avec le
Lingua Mortis et permet à Victor Smolski d'étaler
tout son talent en solo, l'orchestre tire sa révérence
sous les applaudissements d'une foule immense et RAGE
revient sur scène sous la forme d'un trio pour
un " Higher than the Sky " d'anthologie,
qui achève une prestation flamboyante.
Le
soleil décline lentement et la tension monte
encore alors que le site se remplit de métalleux
que le camping gigantesque déverse par chacune
de ses entrées.
Une
marée humaine se presse devant la True Metal
Stage, où le backdrop de DESTRUCTION vient
d'être dressé. Le combo allemand est
lui aussi un habitué du WOA et le show de ce
soir est à l'image de ce que les organisateurs
affectionnent tout particulièrement, à
savoir les reformations et les concerts réunissant
les musiciens qui ont fait l'histoire des combos à
l'affiche. Comme pour SODOM deux jours plus tôt,
DESTRUCTION a préparé un show bien spécial
qui sera d'ailleurs filmé dans l'optique d'un
prochain DVD. Le
groupe célèbre ses vingt-cinq ans, et
Schmier et ses potes veulent marquer un grand coup
pour l'occasion. "The Butcher Strikes Back",
"Curse the Gods", "Nailed to the Cross",
l'entame de set est tonitruante et ce bon vieux Mad
Butcher fait son apparition, accompagné de
deux malheureuses esclaves couvertes de sang et qui
me donnent chaud partout, son regard menaçant
glaçant d'effroi les premiers rangs. Le set
est mené pied au plancher et le " Alliance
of the Hellhoundz " dont la version studio regroupe
quelques grands noms du Métal comme Biff Byford,
Shaggrath ou Doro voit le groupe inviter sur scène
d'autres illustres hurleurs comme Bobby Ellsworth
d'Overkill, Peavy Wagner, Leif Stensland de Communic
et un Tom Angelripper de Sodom passablement alcoolisé.
Le pit est en feu et ce titre amblématique
prend toute sa dimension malgré une interprétation
un peu chaotique au niveau des invités.
Alors
que " Life without sense " poursuit le travail
de sape engagé par DESTRUCTION, voici que les
roadies installent deux autres kits de batterie de
part et d'autre de la scène, tandis que Mark
Reign salue l'arrivée de deux batteurs historiques
du groupe, Olly Kaiser et Sven Vormann pour un "
Reject emotions " qui tire des larmes à
mon voisin, un gros allemand arborant une veste à
patches qui, vu son état, a dû vivre
plusieurs Donington ! " Total disaster "
est l'occasion pour Schimer d'accueillir l'ancien
six-cordiste Harry Wilkens tandis que les choeurs
sont confiés à l'ancien cogneur de fûts
Tommy Sandmann. Le public en redemande mais c'est
déjà la fin du set, qui est passé
comme une balle. " Bestial invasion " voit
l'ensemble des musiciens, anciens et actuels lancer
le titre devant un public déchaîné
qui fait une ovation de tous les diables à
ses héros, dont le retour après un show
historique de reformation ici même en 1999,
n'en finit pas de se prolonger. On espère que
l'aventure durera encore longtemps.
Pas le temps de traîner. Je reprends mes esprits,
avale une portion de chinese noodles et rejoint la
True Metal stage où un groupe figurant parmi
mes idoles absolues s'apprête à monter
sur scène, TYPE O NEGATIVE. Quel bonheur d'en
prendre une nouvelle dose après le show donné
par le combo new-yorkais au Hellfest. Les backdrops
vert et noir sont tendus, la scène est en place
et les quatre hommes en noir font leur apparition.
Peter Steele, fidèle à lui-même,
affiche un je-m'en-foutisme des grands jours, habillé
en costume noir à col de prêtre vert,
affublé d'un haut de forme, d'un bouc épais
et qui se présente comme étant Abraham
Lincoln. Tandis que Kenny à l'autre bout de
la scène, explose de rire, le groupe envoie
un " We hate everyone " de circonstance,
couplé au pesant " Profit of doom ".
L'interprétation est chaotique et cette ambiance
bordélique toujours maîtrisée
par un groupe beaucoup plus au point que ce qu'il
laisse croire, tranche avec la rigueur germanique
qui plane sur le WOA. Les non initiés à
la musique et à l'attitude de TYPE O ont déjà
déserté les premiers rangs et l'ambiance
dans le public n'en est que plus détendue,
les die-hard fans se délectant du spectacle
donné par Peter Steele et ses potes. "
Anaesthesia ", " Kill you tonight "
puis " Love you to death " se déversent
sur la fosse, tandis que Peter se descend tranquillement
une bouteille de vin et massacre des titres pourtant
géniaux, du fait de son chant très approximatif.
Le géant a une nouvelle fois dans un état
éthylique plus qu'avancé et ses compères
le suivent de très près, eux aussi.
La déchéance des quatre musiciens accentue
encore la dimension de ce show, forcément le
plus " rock'n roll attitude " de la journée
et la suite est tout aussi déjantée.
Sur le bord de la scène, un cameraman devient
le souffre douleur de Peter, qui lui balance du vin
sur son appareil, tandis que Josh Silver ira piquer
une autre camera pour filmer les premiers rangs alors
que les samples d'applaudissements accompagnent les
acclamations du public. Décadent ! La fin du
set est à l'image du show dans son ensemble,
avec " Waste of life " et le génial
" Black n°1 ", qui voit le groupe quitter
la scène sous les applaudissements des uns
et les cris d'effroi des autres. Un grand moment !
Le
marathon continue. Je migre tant bien que mal vers
la Black stage, en faisant tout mon possible pour
éviter la collision avec les gros métalleux
scandinaves qui convergent eux aussi en titubant vers
la grande scène où IMMORTAL doit enchaîner
le programme de la soirée. Les norvégiens,
qui signent cette année leur grand retour,
sont attendus de pied ferme et les ours pandas sont
nombreux dans l'assistance. C'est devant un parterre
bondé que les maîtres du black métal
norvégien font leur entrée, sous les
ovations d'un public qui n'aura pas droit au plantage
technique que nous avons vécu au Hellfest.
La mise en scène est impeccable et présente
un groupe au top de sa cohésion, comme leurs
confrères de DIMMU BORGIR la veille. Les trois
démons norvégiens marquent un retour
fracassant ! " The sun no longer rises ",
" Withstand the fall of times ", "
Sons of the northern darkness ", le début
de set casse la baraque et chaque titre fracasse tout
sur son passage. " Tyrant ", le terrible
" Unholy forces of evil ", l'envoûtant
" At the heart of winter ", le public est
possédé et la messe noire continue dans
un final d'apocalypse avec " Battles in the north
" et Blashyrkh". Un retour gagnant pour
le combo d'Abbath en terre allemande. Et
la soirée se poursuit. Le site est désormais
plein à craquer, et les 70 000 fans sont dans
l'enceinte du festival, qui prend des airs effrayants,
tant la circulation y est devenue difficile. Le moindre
mouvement de foule fait craindre le pire, et on espère
que les organisateurs prendront des dispositions pour
étendre le périmètre du festival,
l'an prochain. Ce qui est sûr, c'est qu'au vu
de la scène, le Wacken a définitivement
franchi une étape, et le petit festival underground
et pionnier du début des années 90 est
désormais une immense usine à Métal.
Alors
que je me fraye un chemin vers la True Metal Stage
pour finalement trouver une place de choix sur un
monticule de copeaux de bois au milieu d'une mare
de pisse (véridique ! ), un flot de true métalleux
patchés s'écoule vers la party stage,
qui accueille STORMWARRIOR. A cet instant, le chroniqueur
avisé doit faire preuve d'empathie, dont la
définition est la suivante : " attitude
envers autrui caractérisée par un effort
objectif et rationnel de compréhension intellectuelle
des ressentis de l'autre ". C'est par cette définition
communément admise de l'empathie que tout bon
chroniqueur non allemand d'un show de STORMWARRIOR
se doit d'aborder son labeur. En appliquant cette
démarche psychologique, le rédacteur
averti se mettra ainsi dans la peau blanche, moite
et tendue au niveau de l'abdomen par le houblon, du
métalleux allemand. Le pur, le vrai, le "
True ". Celui dont la veste à patches
est ornée des plus belles pièces du
Métal le plus intransigeant, j'ai nommé
HIRAX, ATTACKER, DOUBLE DIAMOND, KILLER, TORCH, METAL
INQUISITOR et les bien nommés STORMWARRIOR.
Celui que l'on croise, titubant avec un regard d'amateur
de viande crue au Swordbrothers festival, au Headbangers
Open Air ou après 5 heures du mat' en train
de faire du Air Métal dans le ballroom du Wacken
!
Une fois l'âme de l'illustre warrior en sa possession,
le chroniqueur peut alors se lancer dans son travail.
Les cornes de brume des vikings sanguinaires font
trembler les murs, les premiers riffs de " Heavy
Metal Fire " lancent l'attaque à grand
renfort de fumigènes. Le quatuor de Hambourg,
qui a annoncé un concert exceptionnel ce soir
est rejoint sur scène par son protecteur, l'illustre
Kai Hansen pour un moment d'anthologie filmé
pour un prochain DVD, et se met à reprendre
" Ride the sky ", " Murderer ",
et " I want out " tandis que " Heavy
metal is the law " tend définitivement
le slip des mes potes MurderOne et Le Gorg !
Pas
le temps de traîner, car mon moment fort à
moi, celui qui a définitivement décidé
ma venue au WOA 2007 arrive sur la True Metal Stage,
avec l'entrée en scène d'IN FLAMES.
Le
combo suédois, fort d'un " Come Clarity
" exceptionnel, n'en finit plus de tourner depuis
la sortie de cet album en 2006, et sa venue au Wacken
marque une étape nouvelle dans la carrière
du groupe qui a signé ici même en 2003,
un des plus grands, sinon le plus fort moment de son
histoire, par un show tout bonnement énorme
qui avait enflammé le public. La donne a cependant
changé depuis 2003. Le public a quasiment doublé,
le groupe a fait énormément de chemin
et son statut de headliner en fait l'attraction majeure
de cette dernière journée. Cet ensemble
d'éléments, couplé à l'immense
attente de renouveler la soirée de folie de
2003 libèrent totalement le public à
l'apparition de ses héros. " cloud connected
", " Reroute to remain ", " soundtrack
to your escape", "Pinball Map", la
setlist prend des allures de best-of ultime, et "Come
clarity", illuminé de dizaines de milliers
de briquets, est un des moments forts du show. Le
groupe affiche une cohésion sans faille, et
donne l'impression d'un rouleau compresseur que rien
n'arrête. Le son est énormissime, les
lights fabuleux et le moment tant attendu arrive enfin.
" Only for the weak " est lâché.
Anders Friden, gonflé à bloc, motive
le public pour recréer cette fameuse marée
humaine qui en 2003, a fait chavirer le festival et
cette fois, ce sont plus de 60 000 fans qui sautent
en cadence et font trembler le sol. Un concert majeur,
un moment inoubliable qui restera pour moi, un des
meilleurs show de cette édition 2007, même
si la spontanéité qui avait marqué
le concert de 2003 n'était plus là.
La surprise, l'enthousiasme du groupe et du public
se sont transformé en une attente mutuelle
de retrouver cette ferveur, cette pulsion, pour finalement
aboutir à quelque chose d'un peu trop prévisible.
Je
suis au bord de la rupture, la nuit est déjà
bien avancée et je me fous de l'heure. La fatigue
m'attaque par toutes les parties de mon corps mais
je m'en fous ! Je lâche rien, rien de rien !
Car le final ultime arrive enfin sur la Black Stage
avec les floridiens de CANNIBAL CORPSE. Et quel final
! Soudé à l'extrême, le combo
débarque triomphant sur scène avec l'écume
aux lèvres. Après un show au Hellfest
où la météo et le son n'avaient
pas permis au groupe de s'exprimer pleinement, le
set de ce soir sera parfait. Un son d'enfer, un groupe
gonflé à bloc par l'enjeu, et une set-list
Ah, la set-list ! Que dire lorsque après
nous avoir assené "Stripped Raped and
Strangled" ou encore "I Cum Blood",
George Corpsgrinder annonce " The bullshit is
over ", faisant frémir toute l'assistance
! Enfin, la censure qui frappait les trois premiers
albums de CANNIBAL CORPSE en Allemagne est levée
et le groupe nous jette en pâture "Vomit
The Soul", "Born In A Casket", "Covered
With Sores" et le formidable "Hammer-Smashed
Face" comme pour mieux clôturer l'édition
2007 du plus gros festival Métal de la planète.
Géant ! Le rideau tombe enfin sur cette édition
du Wacken, avec ce constat sans appel de la mutation
définitive du festival qui, en cette année
2007, a pris un tournant pour devenir l'énorme
machine que nombre de fidèles de l'évènement
redoutaient. Réflexe de survie, peur de l'avenir,
regrets de voir leur échapper une part de cette
histoire, de ce fier passé qui au fil des affiches,
a construit avec eux l'image de cette institution
qu'est le WOA, ou bien tout simplement lucidité
face à la surenchère commerciale qui
guette ? Nous le saurons bien assez tôt, et
c'est en tout cas avec la plus grande des certitudes
qu'on donne rendez_vous au Wacken Open Air en 2008
! (YvesZ).